Que faire en cas de découverte d'un vice caché dans une vente immobilière ?
1. La découverte d’un vice caché.
En cas de découverte d’un vice caché dans une vente
immobilière, plusieurs actions peuvent être entreprises par l'acquéreur,
conformément aux articles 1641 à 1649 du Code civil belge, qui régissent
la garantie des vices cachés.
Voici les étapes à suivre :
1. Vérifier la qualification du vice caché
Pour qu'un défaut soit considéré comme un vice caché,
plusieurs conditions doivent être remplies :
Le défaut doit être grave et rendre le bien impropre à l'usage auquel il est destiné ou en diminuer l'usage à tel point que l'acquéreur ne l'aurait pas acheté ou l'aurait acquis à un prix moindre.
Le défaut doit être caché, c'est-à-dire, non-visible et non-décelable lors de l'inspection normale du bien par l'acquéreur.
Le vice doit préexister à la vente, c'est-à-dire, qu'il était présent avant la conclusion de l'acte de vente, même s'il ne s'est révélé qu'après.
2. Informer le vendeur
L'acheteur doit notifier le vice caché au vendeur dès la découverte.
Cela doit se faire sans délai (généralement dans un
délai raisonnable après la découverte du vice, bien que la loi ne fixe pas de
délai précis).
3. Négociation amiable
Une première démarche à envisager est de tenter de résoudre
le problème à l’amiable avec le vendeur, par exemple en sollicitant une prise
en charge des réparations ou une réduction du prix de vente.
4. Recours judiciaires
Si aucun accord amiable n’est possible, l'acquéreur dispose
de deux types de recours :
Action rédhibitoire : l'acquéreur demande l'annulation de la vente, ce qui signifie qu'il restitue le bien et que le vendeur doit rembourser le prix payé.
Action estimatoire : l'acquéreur demande une réduction du prix de vente proportionnelle au défaut constaté.
Ces actions doivent être intentées dans un délai d'un an
à compter de la découverte du vice, sous peine de forclusion.
5. Expertise judiciaire
Dans la plupart des cas, le recours à une expertise
judiciaire est nécessaire afin de démontrer la gravité du vice, son
caractère caché, et son existence avant la vente. Le tribunal désigne un expert
qui examine le bien et rédige un rapport sur la nature du vice.
6. Indemnisation
En cas de mauvaise foi du vendeur (s’il avait connaissance
du vice et ne l’a pas révélé), l'acquéreur peut également demander des dommages
et intérêts, en plus de l'annulation ou de la réduction du prix.
7. Clauses contractuelles
Enfin, il convient de vérifier si l’acte de vente comporte
une clause d’exonération de la garantie des vices cachés.
Si cette clause existe, elle n’est cependant pas opposable
si le vendeur est un professionnel de l’immobilier ou si sa mauvaise foi est
prouvée.
En résumé, la découverte d’un vice caché permet à
l’acquéreur de demander une réduction du prix ou l’annulation de la vente, à
condition d'agir dans les délais et de prouver l’existence du vice au moment de
la vente.
2. Voici
quelques exemples concrets de vices cachés dans le cadre d'une vente
immobilière :
1. Problèmes d’humidité ou de moisissure
Des infiltrations d'eau importantes ou des problèmes
d'humidité dans les murs, plafonds ou sous-sols, qui n'étaient pas visibles
lors des visites, peuvent être qualifiés de vices cachés. Par exemple, un
sous-sol régulièrement inondé ou une façade sujette à des infiltrations d'eau
structurelles qui ont des impacts sur la solidité du bien.
2. Défaut de structure
Des fissures importantes dans les murs porteurs, qui
affectent la stabilité du bâtiment, et qui ne pouvaient être détectées lors de
la visite, constituent un vice caché. Un défaut dans les fondations ou des
affaissements non visibles immédiatement entrent dans cette catégorie.
3. Toiture défectueuse
Une toiture qui présente des fuites graves et récurrentes,
ou qui est en mauvais état (charpente pourrie, tuiles déplacées), alors que ces
défauts n'étaient pas visibles depuis l’intérieur de la maison ou la rue,
constitue également un vice caché.
4. Présence de matériaux dangereux (amiante,
plomb, etc.)
La présence d’amiante ou de plomb dans les revêtements ou
les conduits d’un bâtiment, sans que cela ait été mentionné lors de la vente,
constitue également un vice caché. Ces matériaux peuvent avoir des conséquences
sur la santé des occupants.
5. Non-conformité aux permis d'urbanisme
Si l'acquéreur découvre que des parties de la maison ou des
extensions ont été construites sans les permis requis ou en violation des
règlements d'urbanisme, et que cela n'a pas été porté à sa connaissance avant
la vente, cela peut aussi être un vice caché.
Dans chacun de ces cas, il faut bien sûr prouver que le vice
existait avant la vente et qu'il était caché, c'est-à-dire non
décelable pour l'acquéreur moyen au moment de l'achat
3. Prouver que le
vendeur connaissait l'existence d'un vice caché peut être difficile,
mais cela est essentiel si l'acquéreur souhaite obtenir non seulement une
annulation de la vente ou une réduction du prix, mais aussi des dommages et
intérêts pour mauvaise foi du vendeur.
Voici plusieurs moyens et indices permettant de démontrer
cette connaissance :
1. Documents relatifs à l’état du bien
Si le vendeur a en sa possession des documents techniques
(rapports d'experts, diagnostics, devis, factures de réparations, études
d'ingénieurs) qui mentionnent le défaut ou des interventions liées au problème
avant la vente, cela peut constituer une preuve qu’il avait connaissance du
vice.
2. Historique des réparations ou travaux
Si le vendeur a entrepris des travaux de réparation
pour tenter de remédier au défaut (comme des réparations de la toiture, de la
plomberie, ou des traitements contre l’humidité), cela peut indiquer qu'il
était conscient de la gravité du problème. La production de factures ou
d’échanges avec des entrepreneurs est une piste.
3. Expertise judiciaire
Une expertise judiciaire peut être ordonnée pour
évaluer la gravité du vice et vérifier s'il s'agissait d'un problème visible ou
connu au moment de la vente. L'expert pourra établir si les défauts étaient
antérieurs à la vente et s'ils étaient d'une nature telle que le vendeur devait
raisonnablement en avoir connaissance (surtout si le vendeur est un
professionnel de l'immobilier).
4. Déclarations ou comportements suspects du
vendeur
Si le vendeur a fait des déclarations trompeuses ou
des tentatives de dissimulation (par exemple, en masquant des signes d'humidité
ou en cachant des fissures par des travaux esthétiques de façade), cela peut
être interprété comme une preuve qu'il cherchait à cacher le vice.
5. Interrogation des voisins ou anciens
occupants
Les témoignages de tiers, comme les voisins, anciens
locataires ou propriétaires précédents, peuvent apporter des éléments utiles.
Ils peuvent confirmer que le problème existait déjà avant la vente et que le
vendeur en avait connaissance.
6. Connaissance des lieux par le vendeur
S'il s'agit d'un vendeur qui a occupé ou géré lui-même le
bien pendant une longue période, il sera plus difficile pour lui de nier qu’il
connaissait un vice évident. En effet, son long usage du bien peut
constituer un indice qu'il était au courant du problème. Par exemple, si le
vendeur a vécu plusieurs années dans une maison avec des infiltrations d'eau
récurrentes, il sera difficile pour lui d’argumenter qu’il ignorait le
problème.
7. Vendeur professionnel de l'immobilier
Si le vendeur est un professionnel de l’immobilier
(promoteur, agence, entrepreneur), la présomption de connaissance du vice
est plus forte. La loi tend à considérer qu'un professionnel ne peut ignorer
certains vices, notamment en raison de ses compétences techniques et de sa
responsabilité professionnelle.
8. Clause contractuelle et absence de
divulgation
Si le vendeur n’a pas révélé certaines informations dans le
compromis de vente ou dans l’acte authentique alors qu’il en avait
l’obligation, cela peut être utilisé pour démontrer qu’il agissait de mauvaise
foi.
Conclusion
La preuve de la connaissance d’un vice caché par le vendeur
repose souvent sur une accumulation d’éléments (documents, témoignages,
expertise) et sur la présomption que le vendeur, en raison de sa
situation ou de son expérience, devait en avoir conscience.
Si cette preuve est établie, l’acquéreur peut non seulement
demander l’annulation de la vente ou une réduction du prix, mais également des dommages
et intérêts pour dol ou dissimulation.
Maître Alexandra VASILAKIS
Pratique quotidiennement le droit immobilier au sens large et a été reconnue spécialiste en droit de la construction et droit des baux par décision du Conseil de l’Ordre Francophone du Barreau de Bruxelles du 16/01/2018.
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